Janvier 1988
J’ai été vraiment prolifique pendant les fêtes. Mon roman commence vraiment à prendre forme. Je dois encore faire quelques recherches au sujet des lettres que j’ai décidé d’y inclure. Cathia m’a confié toutes ces lettres que j’utilise telles quelles ou que je modifie pour les besoins de ma trame narrative. Entre mes cours, je me rends à la bibliothèque pour faire mes recherches.
Au Centre femmes, je travaille activement à organiser les activités de la Journée de la femme 1988. Je suis responsable du comité des communications et j’adore. Je fais le lien avec les journalistes, les politiciens, les artistes. Je me sens privilégiée.
Les seuls moments où je me permets de respirer, juste pour moi, sont les mardis après-midi. Je vais seule ou avec une amie, voir les films du moment en me gavant de pop corn. Le tout à demi-prix.
Vive les mardis!
Été 1988
Québec, rue Cartier, 24 juin 1988
Quelles étaient les probabilités que dans la foule de fêtards, je tombe face à face avec Guillaume? Presque nulle. Et pourtant, je le retrouve sur la terrasse d’un bar de la rue Cartier. Il est en vacances. Il étudie à la Polytechnique. Il est à Montréal! Il faut absolument qu’on se revoie là-bas. Finalement, je laisse mes amies partir et je reste sur la terrasse avec lui. Nous sommes tellement concentrés que l’heure du feu arrive et on s’en fout. Nous continuons de discuter jusqu’à ce qu’on nous chasse de la terrasse.
Avant de nous séparer, nous nous donnons rendez-vous le lendemain midi et le soir et le jour suivant et pour retourner ensemble à Montréal et à Montréal où on ne s’est plus quitté. Il a laissé sa chambre à la résidence de l’université et est venu habiter avec moi.
René est toujours mon coloc. La cohabitation est coussi coussa. Je pense que René n’apprécie pas nos mamours perpétuels. Serait-il jaloux?
Automne 1988
René m’annonce qu’il part pour la France en janvier, un échange de professeurs avec l’Université de Montpellier. Je suis peinée et heureuse à la fois de pouvoir enfin partager mon intimité avec Guillaume qui d’ailleurs, commence sérieusement à regarder René avec un peu plus d’animosité qu’au début. Cela crée une situation vraiment bizarre.
Mon roman est presque terminé. J’en suis à la révision avant de le faire lire à mon professeur de stylistique. À la page 100, je trouve un bout de papier qui ne fait pas partie de mon manuscrit.
Ma chérie, veux-tu m’épouser? Guillaume xxx
https://cellirelcenecrivaine.wordpress.com/2016/07/17/menu-du-dimanche-a-travers-les-touristes/